Qu’est-ce que l’antisémitisme ?

Libres propos de Jacques DÉOM

 

UGS : 2020021 Catégorie : Étiquette :

Description

Nous avons vécu dans le passé et nous vivons, peut-être encore, dans le présent sous les effets d’une maladie sociale qu’est l’antisémitisme.

Comment définir l’antisémitisme ?

Le Larousse définit l’antisémitisme comme suit : « Doctrine ou attitude systématique de ceux qui sont hostiles aux Juifs et proposent contre eux des mesures discriminatoires ». Cette définition ne permet toutefois pas de comprendre les maux et l’histoire qui se terrent derrière ce mot.

Métaphoriquement, l’antisémitisme est une hydre. C’est une maladie, une pathologie politique et sociale, qui est constituée essentiellement par « la haine du Juif » en que tel. C’est un a priori contre les Juifs. C’est une manière de préjuger de ce qu’ils sont, de ce qu’ils font. C’est une manière de les condamner en paroles, en actes et, parfois, par les actes de l’État.

Nous avons vécu dans le passé et nous vivons, peut-être encore, dans le présent sous les effets d’une maladie sociale qu’est l’antisémitisme.

Comment définir l’antisémitisme ?

Le Larousse définit l’antisémitisme comme suit : « Doctrine ou attitude systématique de ceux qui sont hostiles aux Juifs et proposent contre eux des mesures discriminatoires ». Cette définition ne permet toutefois pas de comprendre les maux et l’histoire qui se terrent derrière ce mot.

Métaphoriquement, l’antisémitisme est une hydre. C’est une maladie, une pathologie politique et sociale, qui est constituée essentiellement par « la haine du Juif » en que tel. C’est un a priori contre les Juifs. C’est une manière de préjuger de ce qu’ils sont, de ce qu’ils font. C’est une manière de les condamner en paroles, en actes et, parfois, par les actes de l’État.

Cette maladie a quelque chose d’assez incompréhensible d’abord par sa longévité. Effectivement, on pourrait remonter à l’Antiquité et c’est l’objectif du dossier pédagogique de Jacques Déom qui ne prétend pas accoucher de vérités non connues ou éternelles. Les enseignants du secondaire sont confrontés, aujourd’hui, à une résurgence de l’antisémitisme sous des formes à la fois traditionnelles et façonnées par le contexte politique de ce début de XXIe  siècle.

C’est pourquoi, pour rendre tangible et intelligible ce que peut être cette pathologie, il est peut-être nécessaire de la situer dans l’histoire profonde, dans la longue durée. Cette pathologie « mentale » repose sur une assise historique très réelle, dont la compréhension est la seule façon d’expliquer cet acharnement spécifique contre les Juifs.

L’humour est une politesse du désespoir

À Berlin, dans les années du malheur, une bande de petits voyous de la jeunesse hitlérienne tombe sur un Juif et lui dit : « Sale Juif, sais-tu d’où viennent tous les malheurs de l’Allemagne ? ». Le Juif a répondu :

« Évidemment ! Des Juifs et des cyclistes. » Et le nazi répond : « Pourquoi les cyclistes ? »

Derrière cette plaisanterie un peu macabre, il y a une tentative pour demander : « Pourquoi les Juifs ? »

La naissance du christianisme

Il faut remonter loin : d’abord, aux origines du christianisme. Car Jésus est juif, mais il est surtout le fondateur principiel du christianisme. Les Juifs ont été accusés de déicide à l’égard de Jésus, mais ce n’est qu’une partie de la charge.

Elle prend toute sa portée terrifiante lorsque l’on prend conscience que si, en réalité, les Juifs occupent, dans le psychisme chrétien –, dans la symbolique et dans la théologique chrétiennes –, une telle place, c’est parce qu’en somme les chrétiens ne peuvent se passer des Juifs. Le christianisme est né d’un judaïsme, mais d’un judaïsme qui s’est toujours refusé à considérer la religion « fille » comme sa propre vérité.

En quelque sorte, il y a une faille identitaire dans le christianisme, aux origines, qui fait qu’on ne peut pas se passer de Juifs. Dès lors, on va « clicher » les Juifs, dans le cadre des polémiques, qu’elles soient, notamment, néotestamentaires ou théologiques ultérieures, dans ce rôle de porteurs du message révélé et infidèles à ce message.

Alors que le christianisme se donne comme le verus Israhel, le « véritable Israël », qui accomplit ce que le judaïsme avait comme message dont il était le porteur et, en puissance, dont il était le révélateur. Cette donnée, combinée à la terrible accusation de déicide, constitue la strate première dans l’histoire de l’Occident chrétien et fonde ce qui n’est pas encore de l’antisémitisme, mais de l’antijudaïsme.

Il est important pour la compréhension du phénomène de voir que la strate première de la haine des Juifs en Occident, c’est un antijudaïsme à base théologique.

Par la suite, cela se combinera avec tous les problèmes socioéconomiques. Le Moyen Âge, très chrétien, fera de ces renégats, dans cette synagogue porteuse d’un bandeau sur les yeux, dans ces Juifs qui n’ont pas reconnu ce qui était si évident du point de vue chrétien, des marginaux. D’abord économiquement, puisqu’ils seront relégués dans des fonctions que la société chrétienne ne veut pas, par sa propre logique et par le droit canon, prendre à sa charge.

Non seulement les Juifs seront donc usuriers, Judas, chargés de tous les pêchers d’Israël, mais ils seront également pleinement démonisés. On dira que ce sont les Juifs qui empoisonnent les puits ; que ce sont les Juifs qui sont responsables de la « grande peste », que les Juifs mangent les petits enfants, que les Juifs organisent des meurtres rituels… Tout cela fait partie de ce panorama, mais qui entre dans une logique dans laquelle la limite logique de cet antijudaïsme sera que si les Juifs pouvaient perdre ce « bandeau » et reconnaître le christianisme, c’est-à-dire se convertir, se faire baptiser, ils rentreraient dans la « vraie » humanité chrétienne.

Avec l’islam ?

Les choses ne vont pas mieux avec l’islam, même si les Juifs ne peuvent pas être accusés d’avoir exécuté le prophète Mohamed.

L’islam se situe dans la lignée des fois abrahamiques, des monothéismes, et il a également un rapport, au plan théologique, avec cette donnée antérieure. L’accusation ne sera pas de porter un bandeau sur les yeux ou d’avoir, fatalement, assassiné le fils de Dieu et Dieu lui-même, mais ce sera d’avoir perverti le message.

Pour une certaine théologie musulmane, le monde est musulman depuis la création. La révélation, qui a été adressée successivement aux Juifs et aux chrétiens, a été pervertie par les Juifs et détournée par les chrétiens : l’idolâtrie…

L’aspect politique de l’islam

Il y a, dans l’islam, un aspect plus politique et, en particulier, aujourd’hui. Souvent, l’antisionisme de certaines fractions de la population musulmane s’apparente assez fort avec l’antisémitisme.

Le monde musulman connaît le même type de complexité, dans la construction de sa haine des Juifs, que celui de l’Occident chrétien ou ex-chrétien. C’est-à-dire qu’il y a une strate théologique traditionnelle, héritée de la théologie musulmane, mais il y a aussi l’apport ou le triste enrichissement par l’antisémitisme occidental, qui leur est parvenu par les communautés chrétiennes de langue arabe du Proche-Orient, ou par la colonisation.

C’est un fait que l’antisémitisme moderne, non plus l’antijudaïsme, autrement dit, l’interprétation en termes raciaux de la haine des Juifs s’est transposée et s’est muée en une forme spécifique. L’antisionisme est aujourd’hui, dans bien des cas, non pas simplement, ce qui serait légitime sur un plan politique, une opposition à la politique de l’État d’Israël, mais se colore, de manière parfois extrêmement évidente, de ces vieux stéréotypes où les Juifs sont déréalisés. Ils ne sont plus des êtres historiques assumant des décisions, mais sont, en quelque sorte, subsumés  sous une image traditionnelle qui est un visage de l’antisémitisme comme tel.

La vie minable qu’il faut avoir
Pour s’attaquer le soir
À des morts couchés dans leur tombe
Qui ne pourront pas vous répondre.

La triste vie qu’il faut mener
Pour se lever quand minuit sonne
Et plutôt que d’embrasser des personnes
D’aller salir des trépassés.

Le peu de courage que cela requiert
D’insulter le grand silence
De ceux qui n’ont plus de père
Pour protéger leur enfance.

Le beau malheur que cela est
D’avoir l’insomnie du Je hais
De ne rêver que de la mort
Plus de la vie d’abord.

On ôtera de chaque stèle
Vos traits de haine pastel
Mais non de votre âme la misère
Et c’est cela qui nous désespère.

Informations complémentaires

Auteurs / Invités

Libres propos de Jacques Déom

Thématiques

Identités culturelles, Islam, Judaïsme, Lutte contre la haine, Questions et options philosophiques, politiques, idéologiques ou religieuses

Année

2020

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