La Société européenne de Défense S€D (AISBL)

Midi de la Pensée libre

 

 

UGS : 2017024 Catégorie : Étiquette :

Description

Les idées élaborées en cours de thèse par Jean Marsia ont beaucoup évolué lorsqu’il est devenu conseiller défense du Premier ministre, car, durant cette période, il a eu accès à des informations qu’il n’aurait jamais obtenues en tant que colonel retraité. C’est ce qui lui a fait prendre conscience de l’absolue nécessité d’un changement radical d’approche au niveau politique.

En mars 2012, chez la gouverneure du Brabant Wallon, Marie- Josée Laloy, Herman Van Rompuy a participé à une conférence dont le thème était L’Europe est un projet social. Jean Marsia a eu l’opportunité de l’interpeller sur le fait que le Conseil européen ne s’était plus penché sur la Défense depuis 2005. Il n’a pas pu dire grand-chose, mais Jean Marsia n’a pas baissé les bras et lui a envoyé son projet d’article, ce qui a provoqué une réflexion dans son cabinet. Le chef de cabinet, à ce moment, était Frans van Daele, spécialiste des questions politico-militaires ; il estimait que Jean Marsia avait raison et qu’Herman Van Rompuy devait en reparler avant la fin de son mandat, c’est-à-dire au plus tard décembre 2013.

En juin 2012, Herman Van Rompuy a décidé d’en parler au Conseil et les Britanniques ont répondu que, s’il voulait en discuter, il devait revenir en décembre avec un plan de travail qui décrirait clairement ce que l’on voudrait, qui dirait qui va faire quoi, etc. Herman Van Rompuy a prié son chef de cabinet de préparer un dossier qui tienne la route. Le dossier préparé était impeccable et les Britanniques n’ont pas osé dire non.

Elio Di Rupo, qui n’est pas un spécialiste politico-militaire, s’est rendu compte que, contrairement à ce qu’il pensait, il avait besoin d’un conseiller à la défense dans son cabinet et a demandé à Jean Marsia de venir renforcer l’équipe.

C’est en tant que conseiller défense que Jean Marsia a compris que s’il n’y avait, en Europe, une approche top down du politique vers les exécutants, on n’arriverait à rien. Or, les politiques veulent garder leur pouvoir et si on veut faire bouger les politiques, ce sera comme pour les accords commerciaux tels que le Traité de Rome 1957 où quelques brillants esprits mus par Wart Beyen et quelques hommes d’affaires se battaient, depuis cinq ans, pour obtenir l’Union douanière qui devait me mener au Marché commun. Les Européens n’en voulaient pas. C’est grâce à la catastrophe de la CED et la CEP qu’Henry Spaak et quelques autres ont décidé de relancer l’Europe.

À Messine, en 1956, ils ont convenu qu’il y avait deux idées sur la table qui valait la peine d’être défendue. C’était l’idée d’Euratom, qui était l’idée d’Henri Spaak, à côté du charbon et de l’acier on ajoutait l’atome, etc. Wart Beyen, quant à lui, pensait qu’il fallait créer quelque chose de transversal et supprimer le droit de douane afin de permettre l’explosion du commerce. L’explosion du commerce amènera la croissance économique, la croissance de l’emploi, fera adhérer à cette cause les ouvriers, le patronat. C’était cela « la » bonne idée, on le sait aujourd’hui, mais à l’époque ce n’était pas évident à concevoir.

Dans ce contexte, si on crée l’Union douanière pour discuter d’accords douaniers entre nous et les autres, il faut déléguer cela à la structure supranationale. C’est grâce à cela que lorsque Kennedy a lancé le round des négociations transatlantiques –, que l’on a appelé après son assassinat le Kennedy round –, l’Europe a mandaté le commissaire européen au Commerce extérieur pour aller parler avec les Américains. Il s’agissait de Jean Rey, qui a brillamment mené les pourparlers. Charles de Gaulle reconnaissait rarement que quelqu’un lui était supérieur. Mais, quand il a reçu Jean Rey, il lui a dit qu’il avait obtenu un résultat qui n’aurait jamais pu obtenir. Quelques années plus tard, lorsque Jean Rey est devenu président la Commission européenne, il avait un accès libre à l’Élysée.

Il y a d’autres exemples remarquables de progrès en Europe par ce transfert à une organisation supranationale, fédérale, etc., Pensons à la création de l’euro. L’euro s’est imposé comme la deuxième monnaie de réserve du monde, alors qu’il n’y a même pas un État pour le soutenir. Il faut se baser sur ces success-stories pour obliger le monde politique à céder une nouvelle fois une parcelle de souveraineté et à créer quelque chose qui puisse mettre en place une vraie politique étrangère, de vraies relations de sécurité et de défense : c’est ce que l’on appelle l’Europe fédérale, les États- Unis d’Europe. C’est possible, c’est faisable, c’est souhaitable, mais nous n’y arriverons que s’il y a vraiment un mouvement d’opinion qui pousse le politique à ne plus pouvoir dire non.

Voilà pourquoi on a créé une association internationale sans but lucratif. On a commencé avec quinze personnes, en novembre 2015. On est maintenant quatre-vingts et on représente neuf États membres de l’Union européenne.

Le Centre Jean Gol a demandé à Jean Marsia de rédiger un chapitre qui serait publié dans un livre collectif, à l’occasion des élections européennes. Le SPa a organisé une journée de réflexion sur la défense européenne au mois de septembre 2017, et au PS, il y a André Flahaut, tête pensante en matière de relations internationales et de défense, qui travaille régulièrement sur ces questions.

La Société européenne de défense a pour but de faire bouger les choses sur le plan politique et cela implique, lorsqu’il y a une campagne électorale, de dire clairement pour qui ne pas voter.

La Société européenne de défense n’est pas affiliée à un parti politique : cette association est neutre politiquement, philosophiquement, idéologiquement et les grandes familles démocratiques sont représentées en son sein. Elle dit clairement – lorsqu’il y a, en Autriche, le choix entre un écologiste pro- européen et un soi-disant libéral, en réalité plutôt fascisant –, qu’il faut voter pour le pro-Européen. Lorsqu’il y a, en France, le choix entre Marine Le Pen et un candidat qui fait de l’Europe son cheval de bataille –, non pas que l’on soit de grand fan d’Emmanuel Macron, parce que l’on ne connaissait pas vraiment son programme –, mais on disait clairement de ne pas voter pour Marine Le Pen. De même en Allemagne, le choix se pose entre Angela Merkel, qui a mené une politique essentiellement nationaliste allemande, les sociodémocrates sont un peu plus européens –, quoique ! –, les verts sont davantage pro-européens et il y a une série de partis qui sont antieuropéens. La Société européenne de défense a dit clairement aux Allemands de ne voter pas pour un parti antieuropéen : cela ne veut pas dire qu’elle soutient tel ou tel parti politique. Mais il est important de le dire, parce que sans cela les politiques se disent qu’ils peuvent continuer sur leur lancée.

Dans le comité de la Société européenne de Défense, S€D, on retrouve André Flahaut ; un libéral, François-Xavier de Donnéa ; un démocrate- chrétien, Jean-Pol Poncelet, trois anciens ministres de la Défense ; au niveau européen, Philippe Busquin ; le comte Étienne Davignon ; Antoinette Spaak et il y a également un général, cinq étoiles, français, chef d’état-major interarmées qui a été président du comité militaire de l’Union européenne.

L’association internationale sans but lucratif S€d rassemble celles et ceux qui veulent contribuer à la création des États-Unis d’Europe (EUE), de l’armée européenne et de l’Université européenne de défense.

Informations complémentaires

Année

2017

Auteurs / Invités

Jean Marsia

Thématiques

Géopolitique, Monde associatif, Questions européennes, Union européenne