Avec : Florence RICHTER, criminologue, journaliste. François OST, juriste, professeur à l’Université Saint-Louis, philosophe du droit et dramaturge belge, vice-recteur des Facultés universitaires Saint-Louis, membre de l’Académie royale de Belgique.
Qu’est-ce que les mythes et les grands archétypes de la littérature universelle nous enseignent sur l’origine et le destin du droit ? La donation de la loi du Sinaï, l’invention de la justice chez Eschyle, la révolte de conscience d’Antigone, la souveraineté de l’individu pour Robinson Crusoé, les paradoxes de la liberté chez Faust, la déchéance de la loi avec Kafka : telles sont les étapes majeures d’un parcours narratif aux sources d’un imaginaire juridique trop souvent méconnu. Entre le « tout est possible » du récit et le « tu ne dois pas » de la loi, l’institution du social ne cesse de s’inventer des formes inédites. Au rebours d’une vision formaliste ou moraliste du juridique, ce livre poursuit une grande ambition : replonger le droit dans la fiction littéraire pour lui permettre de renouer avec ses racines.
Et si, au commencement, et peut-être à la fin, étaient le crime, le mensonge, l’imposture ? Sade passe vingt-huit ans de sa vie à l’ombre de la loi. Il n’aura de cesse, en des milliers de pages d’une écriture sans merci, d’en démontrer l’absurdité et l’injustice. Mais n’est-il pas lui-même l’esclave d’une autre loi, bien plus cruelle que celle de la cité ? Plus qu’une apologie du crime, toute son œuvre n’est-elle pas une certaine manière de restaurer ce qu’elle nie par ailleurs ? Et que vise, au fond, cette contestation radicale de l’ordre social, qui défie les régimes politiques, sape les lois de la cité, corrompt les lois de la nature, détourne celles de la logique et subvertit celles de l’écriture ? Une enquête fascinante sur l’existence tumultueuse et l’écriture sulfureuse du divin marquis ; la première étude globale sur le rapport de Sade au mal, à la loi, à la perversion avec, en guise de conclusion, un dialogue imaginaire entre Sade et Portalis, l’auteur du Code civil.
Quand l’ennemi des règles dialogue avec l’ami des lois
Le 8 thermidor de l’an II de la République (27 juillet 1794), la veille de la chute de Robespierre, Sade – l’auteur à scandale – et Portalis – le futur auteur principal du Code civil français et l’artisan du Concordat qui allait réconcilier la France avec l’Église – sont tous deux prisonniers dans une « maison de santé » parmi les fous.
Il n’est pas interdit de penser, bien que le fait ne soit pas avéré, qu’il s’agissait du même établissement. Qu’ont bien pu se dire ces deux personnages emblématiques, respectivement figure du désordre et de l’ordre ? Une conversation passionnante (non dénuée de suspense, la vie sauve ayant été promise à l’un d’entre eux, à leur choix) les opposera au cours de cette nuit la plus longue. Et que vient faire ici la sulfureuse Mademoiselle Lange ?
Préface de François Ost Génies littéraires, artistes novateurs, hors-la-loi, scélérats ? Qui sont François Villon, Donatien Alphonse François marquis de Sade, Paul Verlaine et Jean Genet ? Qu’ont-ils en commun pour figurer dans cet essai où on les qualifie d’emblée de bandits ? Pour essayer de rassembler ces qualificatifs contradictoires en une seule formule, disons qu’ils sont de Fabuleux voyous. Voyous, sans conteste : ils eurent tous les quatre des activités délictueuses et leurs mœurs ont été jugées scandaleuses par leurs contemporains. Ils sont aussi fabuleux, dans les deux sens qu’on peut prêter au terme : non seulement extraordinaires, étonnants, mais encore mythiques, dans la mesure où la légende s’est emparée d’eux. Mais quelle fut l’existence matérielle de ces fabuleux voyous, leur vie quotidienne, jusque dans leurs prisons ? Et trouve-t-on chez ces quatre écrivains, malgré les époques différentes, des caractéristiques communes qui ont entraîné leur délinquance ? Pourquoi ces hommes ont-ils commis des délits et des crimes ? Comment la Justice les a-t-elle traités ? Quels textes ont inspiré leurs actes, leurs jugements et leurs peines ?