Description
J’aimerais vous dire d’entrée de jeu que mon livre Le terrorisme amoureux. Quand l’amour tue. Témoignage vécu ne s’adresse pas aux « orthodoxes », ni de la littérature ni de la pensée : ce livre est hérétique et revendique ce statut.
En effet, rien que la couverture contient une hérésie, le titre tout d’abord. Comment peut-on associer les termes « terrorisme » à l’adjectif « amoureux » ?
Toute notre culture européenne véhicule le « mythe » que l’amour est un don humain, un idéal à atteindre, faute de quoi tout Européen et partant toute Européenne qui ne le vivent pas ont l’impression d’avoir « raté » leur vie. Que n’a-t-on sacrifié au mythe de l’amour courtois qui pourtant est bien une invention culturelle de Moyen Âge (perse en l’occurrence, pas même européen) ! Ah, ce mythe de se fondre en un seul être, que ne l’avons-nous véhiculé dans tous les arts surtout la littérature ! Ce mythe-là, comme l’a bien décrit Michael Vincent Miller, mène droit à ce qu’il a défini comme « l’amour terroriste » dans son remarquable ouvrage !
Je me refuse de « tomber » sous ce mythe de l’amour qui serait une vertu désincarnée et combien pure : l’amour est question de culture. Certains manipulateurs peuvent utiliser cette aspiration, qui se veut universelle, pour mieux aliéner leurs victimes « amoureuses », pour se fondre en elles, lui faisant perdre toute autonomie pour appartenir à son bourreau inconditionnellement (Alexandre Jardin, par ailleurs excellent romancier, se qualifie lui-même de « manipulateur de l’amour dans son roman Autobiographie d’un amour).
Si c’est cela l’amour, en effet le terrorisme peut se qualifier d’« amoureux » tout comme le terrorisme politique qui arrive tellement à se « fondre » dans l’ennemi qu’il ne fait plus qu’un avec lui et peut ainsi mieux le détruire de l’intérieur.
Parce que le processus est le même pour les deux formes de terrorisme politique et amoureux :
– s’immiscer dans le territoire de la victime et prendre possession des contrôles du territoire ;
– violer ses frontières si nécessaire ;
– isoler la victime des autres pour être seul témoin de l’entreprise de destruction que personne de l’extérieur ne soupçonne ;
– stigmatiser celle-ci, la poussant à des comportements irrationnels et lui faisant perdre la face pour les autres nations ;
– harceler la victime par la calomnie, la malveillance, le déni de justice ;
– détruire la victime qui finit parfois par se détruire seule.
Voilà pour le titre donc, qui s’avère un paradoxe d’entrée de jeu.
Un peu plus bas, on lit « témoignage vécu ». C’est quoi un témoignage vécu ? Un roman, un journal intime, des confidences ?
Pas évident. Encore, remarquez que peu d’éditeurs prennent le risque de publier des témoignages vécus, trop complexes. Et puis, quoi de mieux que le « roman » pour dissimuler ses sentiments, les prêter à d’autres, exagérer ses succès, diminue ses fautes, ses erreurs. Voici « l’héroïne », et bien entendu Madame Bovary, c’est moi : mais moi seule l’auteur peut le dire !
J’ai, bien entendu, comme tous les auteurs, proposé mon ouvrage à pas mal d’éditeurs, la réponse fut unanime (quand ils ont la politesse d’accuser réception, ce qui n’est pas toujours évident) : il faut définir le genre ou roman ou essai, nous ne publions pas les deux, vous scindez le récit, les faits et l’argumentaire, l’analyse des faits.
Pas de roman/essai donc, et puis comme m’ont dit certains, les libraires ne le prendront pas, ils ne sauront pas où le « classer ».
Dernière mention sur la couverture ? Quand l’amour tue ! Un peu fort comme sous-titre. Et puis, me direz-vous, vous n’êtes pas morte, loin s’en faut, et, ma foi, vous avez l’air en excellente santé !
Vrai. Et heureusement, c’est vrai que le terrorisme amoureux ne m’a pas tuée (et comme on dit populairement, ce qui ne tue pas renforce). Moi, j’ai en effet pu dépasser, nommer, identifier le problème. Mais combien d’autres sont mortes de ce harcèlement permanent, de cette atteinte à l’estime de soi, des agissements sordides des terroristes amoureux. Tapez simplement sur internet « témoignages de manipulations psychologiques dans le couple ou les couples » et vous verrez les nombreux forums qui accueillent, sous couvert d’anonymat, des témoignages bouleversants, d’amies qui témoignent du naufrage de femmes proches soumises à un terroriste de l’amour, certains mêmes se suicidant, emmenant dans leur acte désespéré des enfants en bas âge, victime du complexe de Médée (il vaut mieux emmener les enfants dans un monde meilleur que de les laisser avec le destructeur). Ces témoignages émouvants je vous les livre dans le dossier de presse : la manipulation psychologique est aussi comme les coups un redoutable tueur, mais il ne laisse pas de traces, pas de coups, pas d’ecchymoses, seulement des bleus au cœur à l’estime de soi, parfois mortels eux aussi.
Voilà pour la couverture. Rassurez-vous, je continuerai dans le style mini-jupe pour le livre, c’est-à-dire assez longue pour couvrir le sujet et assez courte pour ne pas devenir ennuyeuse…
Hérétique – disais-je, oui certainement. Mais il faut être hérétique pour écrire et décrire un bourreau, le terroriste amoureux qui somme toute est un personnage « sympatoche » à la manière de Chirac, un vrai loup, mais sous une pelisse d’agneau. Ici de même le bourreau apparaît comme un personnage sympathique à la Alexandre Jardin, il adore sa femme en public, original en diable, pas banal, le mythe même du séducteur, le « french lover » parfait, à faire rêver les midinettes, à lire et à découvrir.
Quant à la victime, elle apparaît comme geignarde, prétentieuse, narcissique, au point que j’ai dû parfois un peu « retoucher » le personnage pour la faire apparaître plus « sympathique » aux lecteurs. C’est elle qu’on vilipende, ce n’est pas son charmeur de mari qui pourtant la terrorise, la phagocyte, la discrédite, lui fait perdre ses enfants, la harcèle, l’empêche de travailler, la spolie financièrement, lui fait endosser ses fraudes… Non, la sympathie va au bourreau, pas à elle, hérétique vous disais-je, complètement.
Et « der des der », la victime ne veut pas se complaire dans son rôle de victime, elle refuse de se faire « soigner » par des professionnels de la communication, elle en est une elle-même, elle connaît les manipulateurs. Elle est une disciple fervente des auteurs comme M.F. Hirigoyen, comme Isabelle Nazare Aga, comme Anne Moreli, toutes des femmes qui se sont penchées sur le problème, l’ont dénoncé, l’ont médiatisé.
Hérésie suprême, elle propose même de ne pas « partir », comme cela est conseillé par tous les thérapeutes (l’éloge à la fuite !), mais comprend que parfois on ne peut pas partir. Si l’on reste, on peut apprendre à vivre avec, elle donne quelques techniques de contre-manipulation, quelques trucs pour survivre à ce dangereux prédateur.
Mesdames, Messieurs, je vous remercie de votre attention, de votre patience, parce que, même s’il s’avère être « hérétique », mon livre est aussi le seul
– dont l’auteur a été victime du processus, le raconte de l’intérieur, pas comme les psys. Mais comme une victime puisqu’elle le fut ;
– dont l’auteur est aussi mastère en communication sociale, donc connaît les ravages graves des manipulateurs, des harceleurs, des « terroristes amoureux » et peut dès lors aussi théoriser son trauma ;
– à ne pas vous conseiller, si vous êtes victimes, de vous faire soigner parce que ce n’est pas la victime qui est « malade », la victime est victime parce qu’elle a été choisie pour ses qualités, qu’on n’attaque que ses faiblesses, ses blessures, là où cela fait mal, mais elle est souvent « saine de corps et d’esprit » ;
– dont l’auteur donne quelques antidotes originaux à cette gangrène des couples (l’humour, la contre-manipulation, l’analyse de quelques techniques d’affirmation de soi et de communication ;
– dont l’auteur revendique haut et fort son narcissisme si décrié dans la société judéo-chrétienne dans laquelle nous vivons : le narcissisme à dose homéopathique protège contre les atteintes graves à l’estime de soi, c’est une fleur qu’il faut cultiver, arroser, embellir, ne pas en faire un travers comme presque tous les psys le stigmatise ; à présent je vois chez les auteurs qu’une des pistes contre les manipulations psychiques prônées est de « renarcisser » la victime ! Alors pourquoi avoir si longtemps « vilipendé » cette caractéristique en faisant même un vocable pathologique « pervers, narcissique » ;
– s’aimer soi-même comme disait Oscar Wilde est le début d’une histoire d’amour qui durera, elle, toute notre vie ! C’est cette histoire que je vous souhaite.
Idées reçues – Argumentaire
1. La victime n’a pas un « tempérament de victime », elle est innocente. Or la société la culpabilise (c’est à cause de son comportement qu’on la traite ainsi).
2. Culpabilisations de la personnalité narcissique : pour les victimes, le narcissisme protège contre les agissements des terroristes amoureux.
3. Partir, toujours conseillé aux victimes, mais parfois irréalisable, dans la société occidentale, quand on n’est pas d’accord, c’est toujours partir pour celui qui n’agrée pas !
4. Tous les milieux sociaux sont touchés, même à Hollywood où on a inventé la notion de « stalking », en français dioxis, terme de chasse pour désigner la mise à mort du gibier par approche sournoise et répétée de celui-ci, criminalisé dans certains États (depuis 1990 en Californie). Exemple : Withney Houston, qui s’est déclarée « émotionnellement abusée » par son ex mari Bobby Brown, estime que sa dépendance était dans son couple « c’était lui ma drogue, nous ne faisions plus qu’un !).
Pour les riches, cela se traduit surtout par des dénigrements de la personne publique ou privée, mais aussi par une mise sous « dépendance économique » (garanties bancaires données pour le conjoint et récupérables sur les biens de la victime, dette fiscale qui « retombe » sur les femmes quand les hommes s’enfuient, dettes de sociétés, …, vol ; il n’existe pas de vols entre époux !).
Pour les « simples travailleurs », manipulations auprès de l’employeur, dénonciations abusives, harcèlement sur le lieu de travail, …, rumeurs, etc.
Pour les moins nantis, chantage de dénonciation de pseudotravail au noir, expulsion pour les migrants, travail au noir, cohabitation pour les Cpas,…
L’amour terroriste, titre d’un autre livre, de Michael Vincke (États-Unis), dénonce aussi la culture : l’amour est devenu un idéal inaccessible et certainement pas atteignable à travers les structures du mariage traditionnel, d’où la vindicte et la prise de position dominante d’un conjoint dans le couple.
La violence physique tue, mais pas la violence psychologique, donc il y a moins d’urgence à la traiter.
Mais la violence psychique est de fait un indicateur de risque de la violence physique, on peut aussi mourir de la violence psychique.
Informations complémentaires
Année | 2011 |
---|---|
Auteurs / Invités | Marie-Claire Cardinal |
Thématiques | Lutte contre les violences entre partenaires / Violences de genre, Vie affective, Vie familiale, Vie privée, Violence |