Description
Qui ne connaît ce cri d’Archimède découvrant le principe fondamental de l’hydrostatique : « Eureka ! J’ai trouvé ! »
Éblouissement du jaillissement intuitif !
Il ne fut pas le seul à posséder cette voix intérieure magique : Newton, Kekulé, au cours d’une rêverie découvrirent le premier la loi de gravitation et le second la structure cyclique du benzène. Albert Einstein, considéré comme un génie de la physique attribuait un rôle majeur à l’intuition ; elle était pour lui la seule voie menant aux découvertes et aux idées nouvelles « Il y a un saut dans la conscience…, la solution vient à vous et vous ne savez pas comment ni pourquoi », expliquait-il.
Cette valorisation de l’intuition par de nombreux chercheurs l’est tout autant par les artistes qui en font le moteur de leur créativité.
Aujourd’hui les neurosciences s’y intéressent et la psychologie retrouve Jung et ses quatre fonctions psychologiques ou processus mentaux dont fait partie l’intuition.
« Sixième sens » pour les uns, « boussole intérieure » pour les autres, elle est certitude fulgurante qui s’impose, passant le plus souvent par une réaction corporelle plus ou moins intense. Les plus réceptifs d’entre nous prennent en compte leur intuition, les autres la refoulent ou l’ignorent.
Alliée non négligeable pour nous faciliter la vie, l’intuition est une faculté à la portée de tous. C’est une forme d’intelligence présente en chacun de nous. Certains auteurs la dénomment « intelligence intuitive ».
Mais qu’est-ce que l’intelligence ?
L’intelligence est un concept qui a toujours suscité beaucoup d’intérêt et dont la définition n’est pas aisée.
Souvent, quand on évoque l’intelligence, le terme de « quotient intellectuel (QI) » vient rapidement à l’esprit. Mis au point en 1904 par le psychologue français Alfred Binet et le psychiatre français Théodore Simon, l’objectif était de dépister les enfants en difficulté scolaire en mesurant leur âge mental par rapport à leur âge réel selon différents tests.
La théorie : à chaque âge correspond un nombre de tâches réussies dans certains domaines, verbal, mathématique, raisonnement spatial, etc. Les enfants ont donc un âge mental concordant ou non avec leur âge réel. L’âge mental obtenu, divisé par l’âge réel, puis multiplié par cent donnera le « quotient intellectuel » (QI). Mais la notion va être révisée dans les années 1940 par David Wechsler qui estime plus pertinent de classer l’individu selon ses performances par rapport à une population du même âge où 100 devient la moyenne de la population d’un âge donné. Le qi Wechsler indique si on se situe plutôt au-dessous ou au-dessus de cette moyenne. Le qi n’établit donc « que » l’écart par rapport à la norme.
Le qi est en fait une donnée statistique, un score dérivé d’un test psychométrique, dit d’intelligence ; pourtant, fort heureusement, l’intelligence ne se réduit pas à ce fameux qi, malgré que, pendant longtemps, on n’a juré que par lui !
L’intelligence a de multiples formes et le QI en mesure différents aspects se focalisant principalement sur deux formes d’intelligence : l’intelligence cristallisée et l’intelligence fluide.
L’intelligence cristallisée ou intelligence logicoverbale est la capacité à utiliser les connaissances acquises (vocabulaire, culture générale raisonnement verbal, etc.) tandis que l’intelligence fluide est la capacité à utiliser son raisonnement logique pour analyser les différents éléments d’un problème, à comprendre les relations entre ces éléments, ce indépendamment des connaissances acquises.
Le quotient intellectuel ne mesure ni les compétences sociales, ni l’empathie, ni l’adaptabilité, encore moins la créativité de l’individu, et fort heureusement peu à peu son impact sur la compréhension de l’intelligence s’est relativisé ; il y a eu l’apport de Gardner avec sa théorie d’intelligences multiples.
C’est en 1983, à Daniel Goleman, docteur en psychologie clinique, que l’on doit le concept d’intelligence émotionnelle qu’il définit ainsi : « L’habileté à percevoir et à exprimer les émotions, à les intégrer pour faciliter la pensée, à comprendre et à raisonner avec les émotions, ainsi qu’à réguler les émotions chez soi et chez les autres ».
Le quotient émotionnel (QE) traduirait cette habileté en investiguant quatre facteurs : la conscience de soi, la gestion de soi, la conscience sociale, la gestion des relations. Ce quotient émotionnel est davantage qualitatif que quantitatif. Il est possible d’améliorer son intelligence émotionnelle en s’écoutant davantage (travail d’introspection) et en étant mieux à l’écoute de l’autre pour surtout comprendre et gérer ses émotions.
Intelligence verbale, logicomathématique, sociale, émotionnelle, intuitive… Bref, en ce début de XXIe siècle, la compréhension de l’intelligence est en train d’être sérieusement revue bien que dans tous ses aspects le critère « d’adaptation à » reste pérenne.
Une définition générale plus actuelle est : « L’intelligence est l’ensemble des processus retrouvés dans des systèmes, plus ou moins complexes, vivants ou non, qui permettent de comprendre, d’apprendre ou de s’adapter à des situations nouvelles ». Tandis que l’intelligence intuitive y est cernée comme la synergie, entre notre capacité à raisonner de façon logique et le processus intuitif.
L’intuition aurait à voir avec cette capacité à imaginer des réponses et des solutions hors « logique prédictible ». Et de fait, les découvertes récentes en neurosciences révèlent que « quatre-vingts pourcent de notre activité mentale est allouée à des processus inconscients qui nous échappent ». Capable d’amasser une quantité phénoménale de données, dont la plupart échappent à la vigie de notre conscience, notre cerveau peut, à « l’insu de notre plein gré », faire des analogies, des rapprochements, des associations. Il est capable de traiter une grande quantité d’informations en un temps record et de procéder à une analyse express de la situation. Le tout de manière inconsciente pour arriver directement aux conclusions et nous faire prendre des décisions sans que nous ayons conscience des perceptions subliminales qui nous y ont conduits. C’est pourquoi beaucoup de neuroscientifiques nomment l’intuition « inconscient d’adaptation ». Pour autant, ce conglomérat intuitif n’est pas dépourvu de rationalité. Lorsque l’intelligence et l’intuition fonctionnent en harmonie, nous sommes en mesure de résoudre les problèmes plus efficacement.
Mais il y a lieu de ne pas confondre intuition et instinct. Intuition et instinct ne font pas référence à la même capacité.
L’instinct est une tendance innée induisant des actes déterminés, exécutés parfaitement sans expérience préalable et parfaitement adaptés à leur objectif et non susceptibles d’évoluer sous l’effet d’un apprentissage. « Les instincts désignent notre part animale, celle programmée génétiquement qui nous permet de survivre », nous rappelle le psychanalyste Saverio Tomasella et de fait l’homme a gardé son « instinct de survie » vis-à-vis du danger.
Par contre justement l’intuition se cultive, se travaille et s’aiguise au quotidien. Chacun a la capacité d’être plus intuitif.
L’intuition vraie se manifeste « seule », sans émotion parasite, mais celles-ci peuvent en être les précurseurs.
Marque de l’intelligence de notre inconscient, l’intuition nous interpelle de différentes manières pour nous aider dans nos prises de décisions : rêves, voix intérieure, sensations corporelles, images fortes, voire symboliques, impression dense, « insight »…
Pour être entendue, cette forme d’intelligence présente en chacun de nous a besoin de confiance, de « confiance en soi » et de discernement afin d’éviter pseudo-intuition plus liée à la projection de peurs ou de désirs.
Par essence, l’intuition est toujours juste. Il n’y a pas d’erreur intuitive, mais mauvaise interprétation d’un ressenti, d’un désir, d’une peur… Le sujet pense avoir une intuition et se trompe. Écouter son intuition, c’est avoir une prise de conscience d’une conviction inébranlable à laquelle nous avons totale confiance qui évidemment se relie à la confiance en soi. De plus, trop de rigidité rationnelle nuit à l’émergence intuitive par le fait qu’elle ne peut s’expliquer. Cela déstabilise l’hyperrationnel.
Qui dit confiance dit aussi estime de soi. La force de ces deux états ne doit pas obtenir cent pour cent, mais un score suffisant reste nécessaire pour déceler en soi la manifestation de la vraie intuition. C’est donc en développant ces deux qualités que nous pourrons entendre de mieux en mieux la voix de l’intuition et de profiter de ses bienfaits.
Celle-ci permet à certains de créer, d’inventer, mais plus simplement à chacun de savoir quoi faire dans une situation donnée, de trouver une solution à un problème voire de saisir l’authenticité ou non d’une réponse, de percevoir l’état émotionnel de notre interlocuteur.
Il y a donc à oser croire en son potentiel intuitif comme à sa possible amplification.
« L’esprit intuitif est un don sacré et l’esprit rationnel est un serviteur fidèle. Nous avons créé une société qui honore le serviteur et a oublié le don », affirmait Albert Einstein.
Alors un seul conseil : allez-y, libérez la voix de votre intuition.
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Informations complémentaires
Année | 2022 |
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Auteurs / Invités | Michèle Mignon |
Thématiques | Enseignement, Psy…, Qualité de la vie / Bien-être, Questions et options philosophiques, politiques, idéologiques ou religieuses |
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