Changez-vous !

Patrick Masse

 

UGS : 2015035 Catégorie : Étiquette :

Description

 « Que la justice coule comme l’eau des rivières et la droiture comme un torrent jamais tarit. »

Cette instruction tirée du livre d’Amos fut reprise et interprétée dans la mythologie grecque par la déesse Némésis. Son nom vient du verbe némeïnn, signifiant « répartir équitablement, distribuer ce qui est dû ».

Lorsque les pieux sont en colère, Némésis châtie ceux qui vivent en excès de richesse et d’orgueil.

En ce début du XXIe siècle, le besoin de justice n’a jamais été aussi partagé, en écho, bien sûr, à la montée des inégalités. Les riches prospèrent toujours davantage et aiment le faire savoir, certains même vont jusqu’à dire qu’ils ont gagné. Cette arrogance laisse-t-elle présager le début de la fin ?

Peut-être, parce que si la faim recule dans le monde, les pauvres n’ont jamais été aussi nombreux et les classes moyennes surimposées connaissent une baisse inexorable de leur niveau de vie. De surcroît, la montée des injustices s’accompagne de la perte du sens moral et de l’équité ; le règne du « chacun pour soi » grandit, bloquant les perspectives de réformes coordonnées profondes et justes. Les crises financières se succèdent, sans qu’aucun sursaut politique d’envergure ne se dessine. Au contraire, chacun des principaux États, que j’évoque, semble soucieux de ne rien perdre de de ses acquis et ses prérogatives. Ces États vivent la coopération internationale en pointillé, au gré des événements qu’ils ne subissent davantage qu’ils ne préviennent et ne contrôlent. En outre, affaiblis par la dette publique, des gouvernements paraissent dépourvus de marques d’honneur et d’autorité. Devenus velléitaires et complaisants à l’égard des urnes, ils perdent progressivement la confiance des populations, La faiblesse des scrutins exprimés au fil des élections dégomme ce qu’il leur reste de légitimité.

Plus grave encore, en Europe, qui est le berceau de la démocratie, les citoyens assistent, désabusés, à la déliquescence morale de leurs leaders. Sans tomber dans l’amalgame et le politique bashing, force est de constater que l’exemplarité ne vient plus forcément du haut et que l’intérêt générale ne guide plus forcément l’être humain.

Le désenchantement est là : nous voyons prospérer des courants populistes surfant sur les vagues du mécontentement qui attirent sous leurs bannières nationalistes de plus en plus de suffrages. Qu’ils deviennent majoritaires, nous serons payés en retour en monnaie de singe : nous connaîtrons alors le prix de nos remboursements et de nos abstentions. L’appel de l’idéal européen est le signe de notre abdication politique et morale, et pour tout dire, de notre vieillissement. L’Europe sert de bouc émissaire à tous nos maux, alors qu’au contraire, elle est la solution.

Dans un monde multipolaire en quête de sens, d’ordre et de stabilité politique, l’idéal européen souché sur les Droits de l’homme auxquels la démocratie est une réponse opportune, n’est ni porté, ni défendu auprès des citoyens et encore moins dans les négociations internationales où les intérêts privés sont omniprésents. Seules, les ONG qui représentent la conscience de la société civile, assument le combat des valeurs, mais d’un point de vue catégoriel.

Plus globalement, notre société se meurt, non en l’absence de croissance, mais à défaut de porter une voix forte, un projet humaniste et responsable d’envergure, à l’échelle de la planète.

Mais que fait la déesse Némésis ? Les dieux seraient-ils corrompus ? Les cieux et l’Olympe seraient-ils à l’image de la cité ? Qu’avons-nous retenu du passé, des philosophies, des religions, des révolutions, des guerres ? Allons-nous accorder une victoire posthume à Karl Marx qui avait prévu l’issue fatale d’un système capitaliste devenu fou et sobre ? Notre mémoire nous fait-elle à ce point défaut ? Ne disposons-nous pas des ressources intellectuelles, morales, spirituelles pour enrayer cette spirale du pire ?

Pour ceux qui croient encore qu’une autre alternative au chaos est possible, la franc-maçonnerie, souvent déclinée comme un laboratoire de la pensée libre et de fait, souvent vilipendée, a-t-elle quelque chose à dire, à suggérer ? Être franc-maçon et se reconnaître dans une tradition philosophique, spirituelle, humaniste, cela a-t-il encore un sens aujourd’hui, et si oui, lequel ?

Changez-vous !, c’est le titre du postulat auquel je souscris, et dans le même temps, je dis : « …et demeurez ce que vous êtes pour apporter votre pierre vivante et authentique à l’édification d’une cité plus harmonieuse, plus fraternelle et confiante en son avenir. »

Vous l’aurez compris, il y a urgence, car l’intolérance donne à nouveau de la voix.

En quoi la démarche maçonnique peut-elle changer l’homme ? En quoi l’initié peut-il contribuer à changer la société là où il se trouve ?

Je vais m’efforcer de répondre à ces deux questions dans mon développement, avec ma sensibilité de chrétien et de franc-maçon, une sensibilité qui n’est pas majoritaire dans la franc-maçonnerie, mais qui s’enracine toutefois dans l’idéal d’universalité et de fraternité qui nous guide tous et toutes dans le monde, par-delà nos origines et nos cultures propres.

Mon regard n’engage que moi, je ne prétends pas détenir la vérité, mais comme vous je la cherche, non par des certitudes et des dogmes, mais par le travail. Permettez-moi de vous faire partager mes réflexions du moment, étayées, cependant, par quelques productions issues de mon expérience.

Ce qui caractérise la démarche maçonnique, c’est le voyage. Un voyage intérieur où l’initié va chercher qui il est, pourquoi il existe et sa vraie place dans la cité.

Qui suis-je ?

Nous héritons tous d’un père, d’une mère, d’une culture, de traditions qui définissent et impriment durablement notre identité sociale. Cependant, au fond de nous-mêmes, nous ressentons, un jour, le besoin de connaître l’être unique que nous sommes. Derrière l’acteur qui joue un rôle prêt-à-porter que la société souvent nous impose, il existe l’« être vrai », pas toujours cerné ou connu : le travail initiatique est destiné à découvrir notre vraie nature pour la faire émerger afin qu’elle se réalise pleinement.

La grandeur de l’être humain, c’est qu’il est le seul être vivant qui puisse s’interroger sur la signification de son existence et lui donner un sens. Le parcours initiatique apporte une découverte lente et progressive de l’être et de ce qui le guide résumé par la formule de Socrate : « Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et Dieu. » Une formule universelle qui fut reprise en leurs temps par les pères du désert et par saint Bernard à destination d’échanges sur Dieu : « Connais-toi et en te découvrant, découvre Dieu. » C’est, dans l’espèce, plus qu’un précepte et l’essentiel est dit. Chacun doit chercher ce qu’il est et pourquoi il est, ce qui le transforme et le fait grandir en vérité.

Pour nous, francs-maçons, ce que nous recherchons c’est la vérité, notre vérité ; la lumière, notre lumière. Et certains d’entre nous diront : « La parole permet le dialogue », une parole qui peut s’identifier au verbe initial décrit dans le prologue de saint Jean qui annonce, justement, la lumière, ou bien, aussi, à la voix de notre conscience pure qui nous interpelle parfois et que nous n’écoutons pas suffisamment, utilement. Ces différences d’interprétations philosophiques, intellectuelles, spirituelles, colorent de manières différentes nos obédiences et nos rites. Mais notre quête est la même : « devenir ce que nous sommes en vérité par le travail de la pierre », et c’est sur ce chantier que nous travaillons tous avec les mêmes symboles et les mêmes outils – ceux du bâtisseur –, quelle que soit notre condition sociale dans le monde profane. En loge, il n’y a que des Sœurs et des Frères qui se reconnaissent comme tels. La quête de soi est un long travail, progressif, solitaire, prenant l’apparence d’un chemin rocailleux au cours duquel le moi égotiste s’estompe peu à peu pour laisser place au soi véritable qui ne demandait qu’à se révéler, à sortir de la pierre brute, non de la dégrossir. Cet être intime, qui est symboliquement appelé « pierre cubique », ne vit pas au rythme effréné de notre horloge biologique, fragile et éphémère, mais selon celui de l’univers intemporel et infini, peut-être même sacré. Cette perspective est contenue dans la dimension spirituelle de l’homme qu’il convient naturellement de faire émerger en distinguant sa tridimension – corps, âme, esprit – et ce qui les alimentent.

Les loges maçonniques perpétuent à travers leurs rituels, la tradition du passage des ténèbres à la lumière, de l’épais au subtil, du profane au sacré et du vieil homme à l’homme nouveau.

« Il y eut un soir et il y eut un matin. »

Pourquoi existe-t-on, pourquoi existe-t-il quelque chose plutôt que rien ?

L’origine de l’homme, c’est de se pencher sur l’origine de son existence, de celle du monde, de son avenir dont il est ouvrier.

Une démarche anthropologique commence pour l’homme dans le silence et l’intimité, de la représentation du Penseur de Rodin, puis de l’apprenti taillant sa pierre et enfin de l’homme de Vitruve se coulant dans une étoile à cinq branches, tel un pentagramme inscrit dans le cercle de l’univers. Nous comprenons progressivement que l’homme s’épanouit dans l’Alpha et l’Oméga de la création, mais aussi le terme sacré. Ce n’est pas rien.

Et puisqu’il existe quelque chose plutôt que rien, et que dans ce quelque chose, qui est l’univers sorti du chaos, tout paraît être ordonné à la perfection, l’homme doit contribuer, pour sa part, à l’harmonie des mondes. S’il reçoit le souffle de vie à sa naissance, il doit apprendre à le rythmer au chant de l’univers et du monde, du haut comme du bas. L’arbre a des racines profondes, mais c’est sur les branches orientées vers le ciel que les oiseaux viennent faire leur nid.

Il appartient à l’homme, et à lui seul, de découvrir la partition du monde et les secrets des mélodies du rythme de l’univers, en rassemblant de lui ce qui est épars, puis en apportant sa voie dans le concert permanent qu’est la vie.

J’existe parce que je suis là où je me trouve, ici et maintenant, et que l’on me reconnaît comme tel. Mon regard aiguisé au bon, au vrai et au beau platonicien et mon cœur converti à l’âme du monde, je peux, à mon tour, reconnaître l’autre comme un autre moi-même, mon alter ego que je dois aimer et respecter dans sa différence, sans préjugés.

C’est à cela que nous travaillons en loge : nous travaillons à nous réconcilier avec nous-mêmes et avec l’humanité, mais en ayant pris soin, au préalable, de nous délester de nos métaux, c’est-à-dire de nos passions, à la porte du Temple. Le temps sur lequel nous travaillons est un temps présent sacré, où Frères et Sœurs s’unissent dans leurs différences qui se complètent davantage qu’elles ne s’opposent. Lorsqu’ils se rejoignent dans une chaîne d’union juste et parfaite qui est le pic d’amour, l’union de nos travaux se mêle au souffle de l’homme retrouvé qui, selon la couleur philosophique ou spirituelle de nos loges, peut être Dieu ou l’âme de l’univers.

À cet instant précis de grâce et d’élévation suprême que nous appelons peregum, nos pensées les plus pures montent à la voûte céleste pour se répandre ensuite en pluie d’amour, de paix et d’harmonie vers tous les peuples de la terre et en particulier vers ceux qui souffrent. Contents et satisfaits, nous sommes appelés, à l’issue de nos travaux, à poursuivre, hors du Temple, ce que nous avons commencé dans le Temple.

« Il y eut un soir et il y eut matin. »

Quelle est ma place ?

Ayant découvert qui je suis et pourquoi je suis, pourquoi j’existe dans le tout qui m’entoure et m’habite, je dois définir ma place dans le cancer du monde. Même si les progrès de la science conduisent l’homme à s’approprier l’espace et le cosmos, la place naturelle qui lui est dévolue, c’est la cité, au sens où l’entendait les philosophes grecs, c’est-à-dire le lieu où vivent et s’épanouissent les hommes vivant en société.

Faire société et créer les conditions du vivre ensemble, voilà l’idéal d’utopie du franc-maçon quelles que soient les responsabilités qu’il exerce dans son milieu familial, professionnel, associatif ou en tant qu’élu.

Jamais comme aujourd’hui, les progrès de la science et les voies de communication n’ont permis à l’homme d’accroître son savoir et d’étendre ses liens avec ses semblables, mais pris dans un engrenage quand il n’est plus seul à tirer les ficelles, il est devenu un objet que l’on exploite et que l’on jette lorsqu’il n’est plus dans l’utilité d’un système soumis au culte de la performance.

Il en va de même des richesses naturelles et du climat soumis au diktat aveugle de la surexploitation. Et que dire des spiritualités et des religions qui sont complexifiées et détournées de leurs fondements pour des considérations de domination…

L’histoire bégaye, même si les contextes changent. Combattre, résister, s’engager, mais aussi sourire, créer et développer du lien social est la marque d’une société vivante et l’image que nous nous faisons de l’homme debout.

Faire société, aujourd’hui, c’est remettre de l’ordre là où règne le chaos ; de l’éthique là où règne de l’envie destructrice ; de la justice et de l’amour là où règne le chacun pour soi et l’indifférence ; de l’esprit, c’est-à-dire de la lumière, là où règne la matière la plus sombre, comme aujourd’hui le scientiste aveugle et la finance incontrôlée, tous deux détournés de leur vrai but.

Servir l’homme, tout l’homme, et tous les hommes, en retrouvant le sens du sacré et le souci des générations futures paraît être, en ce début du XXIe siècle, le vrai dessein de notre utopie maçonnique à concrétiser là où nous sommes, ici et maintenant.

Trois siècles avant notre ère, Aristote dans son Éthique à Nicomaque définissait déjà en ces termes la bonne chrématistique, c’est-à-dire la bonne gestion de la cité, en particulier la gestion du bien commun et le bon usage de l’argent dans la cité, mais avec le contrôle de l’État. L’État était le garant du bon fonctionnement de la cité.

L’avènement de la mondialisation, l’essor de la démocratie et les limites atteintes par les modèles de croissance placent, désormais, les pouvoirs publics, les partenaires sociaux, mais aussi les citoyens dans l’obligation de revisiter leur attitude et leurs acquis. Beaucoup de règles et de droits établis au lendemain de la Seconde guerre mondiale sont devenus obsolètes, car les enjeux ne sont plus les mêmes. Si l’on ajoute à cette nouvelle donne la déliquescence des facteurs de socialisation, la montée des particularismes, la question du vivre ensemble et du lien social constituent, aujourd’hui, un vrai défi.

Mais de même que l’on ne peut envisager de processus de socialisation sans un esprit de justice, de même l’on ne peut dissocier le vivre ensemble aux notions d’altérité, de compassion et de gratuité. Apporter là où il se trouve de la concorde, créer des conditions de la dignité et d’un épanouissement des personnes en commençant par les plus faibles, voilà pour les francs-maçons, comme homme ou femme de devoir et de désir, une extension quasi naturelle de ces travaux commencés dans le Temple.

Conclusions

On a prêté à André Malraux cette prédiction :

« Le XXIe siècle sera décence, religieuse ou spirituelle, ce qui n’est pas forcément la même chose, ou ne sera pas. »

Force est de constater qu’à ce jour le siècle qui débute demeure dans sa direction matérialiste et sans âme et que de toutes parts se propagent des forces obscurantistes qui viennent ternir ce qu’il nous reste des Lumières.

Toutefois derrière cette image peu reluisante de notre société, nous entendons gronder, des profondeurs de l’humanité blessée et indignée, une inspiration grandissante au changement, pour ne pas dire au chambardement. L’orage va-t-il éclater ?

Changez-vous ! Cette recherche d’élévation de soi représente une forme de combat et de résistance vis-à-vis de l’emprise décadente de notre société où l’hédonisme et le narcissisme enferment l’homme dans sa finitude. Ce que nous disons, nous, francs-maçons, c’est que l’homme ne peut changer et se transformer que s’il s’élève au-dessus de sa condition matérielle. Pour cela il est appelé à une renaissance, à une conversion du cœur et du regard, la voie initiatique participe à cette promission, mais vous l’aurez compris, l’art royal n’est pas l’œuvre d’un moment, c’est l’œuvre d’une vie renouvelée, jalonnée d’épreuves, de doutes, de questionnements, où la vertu du courage se dispute à celle de la persévérance.

Nous reprenons d’ailleurs souvent à l’envie, la formule de Guillaume d’Orange : « Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer ». Car, en effet, la lumière à laquelle nous apportons du crédit n’est pas celle qui est promise au bout du chemin, comme dans l’histoire de la terre promise, mais celle qui jaillit au fond de nos cœurs sur le chemin qui est le vrai but, ici et maintenant. Aussi, la voie initiatique n’a pas de terme, c’est un chemin d’éternité, où alterne par l’ascèse mort et renaissance de l’initié. « L’homme nouveau naît du vieil homme par l’esprit », nous dit saint Jean. Ainsi nos Temples, microcosmes, ont-ils une hauteur illimitée à l’image de l’esprit, ainsi ouvert, symboliquement, sur l’univers.

La connaissance du haut comme du bas, du grand comme du petit, du visible comme de l’invisible n’est pas l’apanage des seuls scientifiques, dont il faut saluer le génie, mais aussi des artisans, des artistes, qui dans leurs œuvres, ont su interpréter la pensée et le rêve, le risible, l’intelligible et le sensible et de les faire transmettre et partager et, ceci, depuis l’aube des temps, justement, dans les cavernes et dans les Temples.

Face au désir de bâtir une société juste et parfaite à l’échelle d’une cité-monde, là où nous sommes, souvenons-nous que les bâtisseurs auxquels nous nous référons souvent, concevaient des édifices sacrés, non par le bas, mais en partant du haut, à l’inverse de ce que fut Babel. Ils connaissaient l’emplacement de la clef de voûte, tout édifice tient par son dôme et tous s’orientent vers ce point final.

Inspirons-nous aussi de cette instruction d’un très grand sage : « L’homme n’est pas sauvé par ses œuvres, si bonnes soient elles, il lui faut encore devenir l’œuvre de Dieu. »

« Il y eut un soir et il y eut un matin. »

Épilogue

Je voudrai vous transmettre ce poème de notre frère Kipling :

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n’être qu’un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tous jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils.

Que la lumière brille sur votre chemin et que la joie brille dans nos cœurs.

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Informations complémentaires

Année

2015

Auteurs / Invités

Patrick Masse

Thématiques

Altermondialisme, Cohésion sociale, Qualité de la vie / Bien-être, Questions et options philosophiques, politiques, idéologiques ou religieuses