Durabilité – Connexion

Pierre VLAMINCK

 

UGS : 2020011 Catégorie : Étiquette :

Description

Durabilité

Pourquoi la franc-maçonnerie doit-elle s’engager dans une réflexion sur la problématique de la « durabilité » ?

Selon de très nombreux scientifiques et beaucoup d’ONG, la poursuite de la croissance économique et démographique telle qu’on la vit depuis quelques dizaines d’années (possible, notamment, grâce à l’utilisation des énergies fossiles et du nucléaire), conduit la planète à l’effondrement : pollutions diverses, destruction des sols, dérèglement climatique dû aux gaz à effet de serre, agriculture intensive, chute de la biodiversité sauvage et domestique, etc. Il est difficile d’imaginer que se poursuive notre modèle de croissance et de consommation et que tous les humains de la terre puissent atteindre un niveau de vie équivalent à ceux des pays industriels (États-Unis, Europe, Japon, etc.). D’autre part, les inégalités sociales restent criantes, s’accroissent dans nos pays, et l’exploitation des peuples se poursuit. Les défis à relever sont gigantesques et la franc-maçonnerie ne peut rester indifférente.

Pourquoi la franc-maçonnerie doit-elle s’engager dans une réflexion sur la problématique de la « durabilité » ?

Selon de très nombreux scientifiques et beaucoup d’ONG, la poursuite de la croissance économique et démographique telle qu’on la vit depuis quelques dizaines d’années (possible, notamment, grâce à l’utilisation des énergies fossiles et du nucléaire), conduit la planète à l’effondrement : pollutions diverses, destruction des sols, dérèglement climatique dû aux gaz à effet de serre, agriculture intensive, chute de la biodiversité sauvage et domestique, etc. Il est difficile d’imaginer que se poursuive notre modèle de croissance et de consommation et que tous les humains de la terre puissent atteindre un niveau de vie équivalent à ceux des pays industriels (États-Unis, Europe, Japon, etc.). D’autre part, les inégalités sociales restent criantes, s’accroissent dans nos pays, et l’exploitation des peuples se poursuit. Les défis à relever sont gigantesques et la franc-maçonnerie ne peut rester indifférente.

Le travail dans les loges

Les loges regroupent des sensibilités et des compétences très variées, et la méthode de travail y assure normalement des échanges fructueux, dans le respect de chacun. Ce sont des creusets où les réflexions peuvent quitter la superficialité et descendre dans une tentative de compréhension en profondeur. Or, c’est exactement ce qu’exige la problématique de la « durabilité » où tout se tient : modèle économique, croissance, énergie, finance, débâcle écologique, rôle des politiques et des médias, etc.

Une sensibilisation possible, mais des actes ?

Dans nos pays, se déclarer et agir contre la peine de mort, pour le droit à l’avortement, pour la fraternité ou la laïcité, n’implique pas de changements fondamentaux de nos existences propres. Par contre, la problématique de la « durabilité » nous questionne directement en tant que citoyen, salarié, consommateur, dirigeant d’entreprise, homme politique, syndicaliste… Être sensibilisé ? Peut-être. Mais ensuite, que serait-on prêt à modifier concrètement dans notre métier, nos achats, le choix d’une banque, nos loisirs, nos voitures… ? Il faudra tenir compte du déni de nombre de personnes face aux problèmes environnementaux et l’épuisement des richesses naturelles. Malgré les multiples cris d’alarme lancés par le monde scientifique et les ONG, on continue et on agit comme si tout cela n’existait pas vraiment. Autre point difficile : la motivation à changer. Si elle existe, cette motivation reste souvent utilitaire. Les arguments pour sauver la biodiversité se basent sur ce qu’elle pourrait permettre comme production (agriculture, élevage, pisciculture, nouveaux médicaments, nouvelle technologie imitant la nature, etc.). Or, l’existence de la biodiversité, résultat de 3,8 milliards d’années d’évolution, justifie à elle seule sa protection !

Connexion

La nuit allait envelopper la vieille forêt. Du haut d’une colline, adossé discrètement à un vieux chêne, je pouvais admirer un paysage s’étendant à perte de vue. Une atmosphère de sérénité envahissait la vallée. Les couleurs qui mouraient dans un ballet d’ombres et de lumières, le renard qui mulotait au loin, la petite brume s’avançant à pas de loup…, je touchais alors un indicible bonheur.

Qu’étais-je venu chercher ? La beauté. Celle d’un moment unique, une fugacité qui ne se reproduirait plus jamais à l’identique : un coucher de soleil. Demain, après-demain, tout serait différent : d’autres nuages, des couleurs moins denses, un vol de buse ou une biche, peut-être… Je n’étais pas là pour emporter, arracher ou planter. Tout m’échapperait, je ne pourrais rien exiger, simplement me laisser conduire et accepter ce que la nature me donnerait à voir, à entendre, à sentir, à ressentir. J’appréciais ces lieux isolés, sans bruits de moteurs, sans cris, sans routes visibles, car il m’importait que rien d’humain ne vînt troubler mon esprit et mes émerveillements.

J’y restais souvent, attendant que l’obscurité ait couvert les dernières lueurs du crépuscule. J’aimais ces moments. Seul, sous la voûte étoilée, un sentiment de connivence avec la totalité de l’univers m’envahissait. Une plénitude quasi mystique, telle que les marins solitaires devaient en vivre. Instants où l’oreille se tend, où le regard s’affûte et l’esprit s’ouvre sur le sens de la vie. Cette magie s’accomplissait surtout si, par une nuit de lune claire, se faisait entendre le chant de la hulotte. Un mâle lançait un ululement répété. La femelle lui répondait généralement par des cris plus aigus. Au loin, venant de la vallée, d’autres ululements ajoutaient à l’ambiance. Je ressentais alors une vraie communion de destin avec ces êtres, ainsi qu’avec le peuple de la forêt, de la rivière et des prairies. Dans l’histoire de l’univers, nous étions d’éphémères compagnons de voyage et nous tentions, chacun à sa façon, de demeurer et de transmettre.

Vivre ces moments, ces sensations, tenait du miracle. Il y a quelques milliards d’années, au début de la grande aventure du vivant, quelles étaient mes chances d’être ? Quelles étaient celles de ma famille, de mes amis ? Les vôtres ? Celles des hulottes ? Et pourtant j’étais, ils et elles étaient. Vous êtes. La lune, les étoiles, les galaxies tournaient imperceptiblement dans le ciel nocturne, un petit campagnol avait couru sous mes pieds, la harde de biches croisée hier, s’était enfuie à mon arrivée… Partout se jouait le grand jeu de la vie, de la mort, des mutations. Il en serait toujours ainsi, pour les individus, les espèces, les civilisations, les étoiles. Et le sens de tout cela resterait un mystère. La vie qui m’entourait, chaque instant vécu dans de telles circonstances, n’en prenaient que plus de valeur.

Jeune adolescent déjà, j’avais ressenti curiosité et sympathie envers la plupart des formes de vie, ainsi qu’une réelle bienveillance à l’égard de toutes les espèces et des milieux qui les accueillaient. Une tristesse teintée d’amertume s’emparerait désormais de moi à la vue d’un océan souillé, d’une forêt éventrée, d’un grand marais asséché, chaque fois que des hommes anéantiraient des territoires sauvages, massacreraient pour leur profit ou leurs plaisirs au point de mettre en péril plantes et animaux.

L’humanité, très efficace dans le pire comme dans le meilleur, pourrait- elle rapidement arrêter sa prédation planétaire, quitter son arrogance, stopper sa propre aliénation ? Pourrait-elle s’engager dans le partage, l’altruisme, l’humilité, et évoluer dans les limites acceptables pour la terre ?

L’une des clés de ce changement serait peut-être de retrouver le contact direct avec l’univers, et l’émerveillement qu’il nous offre. Je pense à celles et à ceux qu’une maladie ou un accident ont emportés aux portes de la mort et qui ont redécouvert la joie ressentie devant un lever de soleil, un chant d’alouette, un orage qui s’approche… Je les comprends d’autant mieux que, l’âge venant, les printemps que je pourrai encore vivre me sont maintenant comptés. Ce qui rend les papillons encore plus beaux.

Allez vous perdre un soir en forêt, seul si possible, ou à deux. Soyez silencieux et discrets. Je vous souhaite la lune, les chants des hulottes, et beaucoup d’étoiles.

Informations complémentaires

Auteurs / Invités

Pierre Vlaminck

Thématiques

Consommation, Démographie, Environnement, Franc-maçonnerie, Un monde durable

Année

2020

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